Envoyer ses enfants dans des colonies de vacances, principalement pendant l’été, est une pratique qui remonte à plus de cent ans. Mais d’où vient-elle exactement et comment est-elle née ? Nous vous proposons de remonter dans le temps pour découvrir toute l’histoire des colonies de vacances.
Des origines en Suisse pour les colos
L’initiative de la première colonie de vacances a germé dans l’esprit d’un pasteur suisse en 1876. Très engagé dans les causes humanitaires depuis la fin de ses études de théologie, Herman Walter Bion a levé des fonds pour venir en aide à des enfants défavorisés issus de classes ouvrières. Connue sous le terme « Ferien-Kolonie », cette expérience sociale d’un nouveau genre souhaitait offrir un cadre de vie meilleur et plus sain pendant quelques semaines.
Ainsi, le pasteur Bion et une dizaine d’accompagnateurs adultes ont encadré un groupe mixte de soixante-huit enfants pendant un séjour de trois semaines dans les montagnes d’Appenzell. Les enfants étaient confiés à plusieurs paysans et participaient aux tâches ménagères, à la cueillette, à des promenades et à des activités de jeux en groupe tout en bénéficiant de l’air pur de la montagne et d’une alimentation plus nourrissante.
L’expérience a été jugée concluante grâce aux effets bénéfiques constatés sur la santé des enfants au retour de leur séjour. Les colonies de vacances se sont alors multipliées en Suisse, avec 29 villes participantes dès 1899, et, par extension, dans les pays adjacents comme ceux plus éloignés géographiquement.
Une idée qui inspirera toute l’Europe et au-delà
De par sa création par un pasteur, le principe des colonies de vacances s’est rapidement propagé grâce aux déplacements d’autres protestants. On retrouve ainsi l’idée des séjours à la campagne pour améliorer le cadre de vie dans toute l’Europe, notamment la France et l’Angleterre. Bien que le mouvement des Boys Scouts de Lord Baden-Powell créé en 1907 ait été proche des colonies de vacances, ce n’est que vers 1970 que des Britanniques accompagnateurs en France ont instauré une organisation réellement équivalente : la Colony Holidays for School Children. Par ailleurs, les scouts se sont développés en France dès 1920 en parallèle des colonies.
Nous devons l’apparition des colonies en France à l’intervention du journaliste et critique littéraire Edmond Cottinet, peu connu malgré son implication dans l’éducation. Il a ainsi plaidé pour l’obtention d’un financement auprès du conseil d’administration de la Caisse des écoles du 9e arrondissement pour mettre en place une colonie comme il avait pu observer lors d’un voyage en Suisse. Après sa première tentative au cours de l’été 1883 avec un groupe de dix-huit écoliers, il a convaincu à de multiples reprises le Conseil municipal de Paris de continuer à développer ces vacances à la campagne, véritable prolongement de l’enseignement scolaire.
L’idée des colonies de vacances ne s’est cependant pas arrêtée aux frontières terrestres, puisqu’elle a conquis des pays plus lointains tels que le Japon et les États-Unis (et leurs fameux summer camps) ou encore des pays d’Amérique du Sud.
Une volonté d’offrir une bouffée d’air pur pour les enfants
Qu’il s’agisse des colonies de vacances ou de projets homologues, la démarche partageait un objectif commun. L’enjeu sanitaire était primordial à la fin du XIXe siècle. En effet, le développement des activités industrielles se déroulait au détriment des conditions de vie de la classe ouvrière. Les enfants grandissaient dans un environnement insalubre et difficile, de nombreuses maladies se répandaient. La malnutrition participait grandement au phénomène, qui touchait d’ailleurs beaucoup moins les plus favorisés et les plus riches qui pouvaient déjà envoyer leurs enfants loin de la ville.
Les colonies ont joué un rôle primordial en permettant aux plus défavorisés de se rendre à la campagne, à la montagne ou à la plage. Pendant ces quelques semaines de vie en communauté, les accompagnateurs s’assuraient d’inculquer un rythme de vie sain avec des repas nourrissants, des nuits complètes, de l’exercice et des activités de sociabilisation qui mettaient en avant l’entraide et le savoir-vivre ensemble.
La vision des colonies de vacances d’Edmond Cottinet reposait énormément sur le développement des rapports sociaux et de l’autonomie dès l’enfance.
L’éducation a été pendant longtemps étroitement liée à l’Église, un lien que nous retrouvons par association dans les colonies, mais elles deviendront vite un moyen de diffusion d’idéologies, d’idées politisées et d’opinions, notamment lors de la première et seconde Guerre mondiale.
Le début du XXe siècle : l’âge d’or des colonies en France
Grâce au travail de Cottinet avant le début du XXe siècle, la mise en place des colonies de vacances pendant et après la guerre a fortement participé à la lutte contre la malnutrition pour les enfants. En ces périodes difficiles, les repas fournis pendant les séjours se sont montrés bénéfiques même lorsqu’ils n’étaient disponibles que deux ou trois semaines par an. Avec l’essor des colonies, l’État français a décidé en 1938 de réglementer leur organisation en imposant des mesures pour l’encadrement et le programme éducatif proposé aux enfants. La colonie de vacances est alors une extension du système éducatif français.
En plus des paroisses, des patronages, des associations et des entreprises, les écoles et les municipalités ont pu envoyer un grand nombre d’enfants en colonie grâce aux aides de l’État. Cette période après la fin de la Seconde Guerre mondiale est perçue comme l’âge d’or des colonies en France, avec les enfants d’ouvriers nés du baby-boom qui découvrent la vie en communauté et se responsabilisent.
Une baisse d’inscription qui entraîne une plus grande diversité de l’offre
Le changement de mode de vie dès les années 1980, avec l’arrivée de la consommation de masse, l’augmentation du coût de la vie, la progression de la pensée individualiste et plusieurs autres facteurs, a entraîné une chute du nombre de colonies de vacances et surtout de participants. Les séjours étaient plus courts et moins nombreux avec des chiffres réduits de moitié dans les années 1990.
Des colonies d’un nouveau genre ont alors vu le jour, avec des modèles de fonctionnement différents et des thèmes spécifiques. Cette transformation de l’offre a réduit le nombre de colonies pour les classes populaires pour offrir un plus grand choix aux familles plus aisées, sans pour autant perdre de vue les valeurs chères à l’institution.
La grande histoire des colonies de vacances se poursuit, ainsi il existe aujourd’hui un large panel de colonies de vacances qui s’inscrivent dans l’air du temps. Les simples séjours en campagne côtoient les séjours linguistiques, les découvertes du monde du cirque, les initiations au surf ou à l’équitation… pour le plus grand plaisir des enfants.
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